Ça ne vous a sans doute pas échappé : je déménage.

C’est une décision récente, prise début mai pour être exacte. Pour tout un tas de raisons, allant de faciliter la vie de tout le monde à la rentrée prochaine pour la garde alternée, au ras le bol des ambiances trop alcoolisées des terrasses sous mes fenêtres, en passant par des problèmes de voisinage.

J’ai trouvé un appartement tout neuf à l’intérieur d’un très vieux bâtiment, l’ancien couvent du village. Ni trop grand ni trop petit, pour nous accueillir tous les trois dès le 1er juillet dans un écrin de verdure, à 2 minutes du Papa de mes enfants et 3 minutes de l’école. Toutes mes fenêtres donnent sur des arbres, ou des champs, ou les deux à la fois. J’ai même une fenêtre dans ma salle de bain, immense. C’est vous dire si c’est l’extase. Comme dans mon appartement actuel, mon salon prendra la nuit des airs de chambre à coucher. La première chambre sera celle des enfants et la deuxième accueillera mon atelier dont je saurais difficilement me passer (même si ces derniers mois, mon livre m’en avait sacrément éloignée !)

Nous sommes à J-8 et depuis trois semaines maintenant, je range ma vie. Dans tous les sens du terme. J’en ai fait vraiment, du chemin, depuis ce 1er juillet 2015, date officielle de ma séparation ! La nouvelle relation que j’avais engagée depuis n’aura finalement pas continué, elle fut belle sur certains points, toxique sur d’autres mais ce que je sais surtout, c’est qu’elle était la pièce manquante de mon puzzle. Le maxi-puzzle 730 pièces qui m’aura conduite, deux ans plus tard jour pour jour, à reprendre encore un nouveau départ en ayant une conscience bien plus fine de qui je suis, de ce que je veux pour ma vie – et pour celle des mes petits – , et de la direction que je veux prendre.

Même si le quotidien est en flux tendu avec le travail qui ne prend pas de pause, les enfants montés sur ressorts et cette nouvelle vie à préparer, je prends un malin plaisir à faire mes cartons. A me débarrasser de ce qui est inutile. A ne garder que ce dont j’ai besoin. A me délester, en somme, de toute chose susceptible de me clouer au sol. A rêver ce nouveau lieu aussi : comment je veux le décorer, ce que je veux y voir, comment j’aimerais m’y sentir.

Déjà, en arrivant dans l’actuel appartement il y a deux ans, j’avais eu un début de sensation similaire. Sans toutefois réussir à me libérer vraiment, j’avais encore visiblement une expérience à vivre avant de voir clair. 730 jours plus tard, je range ma vie et je me sens très en confiance sur l’avenir. On pourrait pourtant avoir des raisons de se poser des questions : j’ai des revenus modestes, des enfants à nourrir – dans leur corps et dans leur esprit – , un projet professionnel qui semble trop fragile à certains, pas assez sérieux à d’autres. Et pourtant, je me sens très en confiance, et je crois à fond à ce que j’ai décidé de faire. J’ai juste cessé de vouloir correspondre à l’exigence actuelle du résultat immédiat. Ce que je construis là, c’est un travail de fond, qui s’élève pierre après pierre avec une vraie stratégie dont chaque élément se développe en temps et en heure. J’oeuvre patiemment, telle une petite abeille, et j’ai commencé à récolter il y a 6 mois maintenant les premières gouttes de mon miel. Ma ruche s’agrandit petit à petit, je regarde ce chantier évoluer tranquillement, et ça me plaît.

Ces deux dernières années ont été l’occasion de descendre au plus profond de moi. J’ai compris mes travers, identifié mes peurs, réveillé tous mes démons. Certains sont encore sur le ring mais je ne doute pas qu’ils tombent par K.O très bientôt. Encore le coup de l’abeille, qui travaille patiemment et chaque jour. Cette fois en dedans, pour trouver son chemin et surtout, ne plus le quitter.

En deux ans j’ai compris que travailler c’est bien, mais que vivre c’est encore mieux et que si on peut vivre de son travail sans avoir l’impression de travailler, on n’est pas loin du Paradis.

En deux ans j’ai compris qu’Avoir peut être satisfaisant, mais qu’Être est la chose la plus importante.

En deux ans j’ai compris ce que je voulais, et surtout ce que je ne voulais plus.

Il y a deux ans sans m’en rendre compte, j’ai commencé à ranger ma vie, et je le vois maintenant que j’empile des boîtes en carton au milieu de mon salon. Dans 8 jours, je vais déballer ce que j’ai soigneusement empaqueté, mettre chaque chose à sa place et continuer à faire l’abeille, en moi et au dehors, dans un nouveau cadre et j’ai la sensation que ce n’est pas un hasard d’avoir réussi à me poser là. Il y a deux ans j’avais en moi le bruit et la fureur, je choisissais des fenêtres plongeant directement sur des terrasses bondées. 730 jours plus tard j’ai en moi bien plus de calme et d’apaisement, même si la route est encore longue je le sais, et je choisis de toutes autres fenêtres.

Sur le vert et le silence.

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