Un vendredi matin, au rayon jouets de Monoprix.
« Oh maman viens, viens voir, regarde ce lapin comme je l’aime, on peut l’acheter ? Maman on peut l’acheter ? »
« Oh mais dis donc, il est vraiment très joli. Et qu’est-ce qu’il est doux ! Ca ne m’étonne pas du tout qu’il te plaise. On ne pourra pas l’acheter aujourd’hui mais si tu veux tu peux le garder le temps des courses, et quand on repartira on ira le ranger à côté de ses copains. »
D’ordinaire, cette technique est hyper efficace. Malgré les innombrables fois où j’ai du être accompagnée de mes enfants pour faire les courses (même si je m’arrange au maximum pour les faire en leur absence mais parfois ce n’est pas possible, pour du dépannage notamment…), les épisodes de crise pour un jouet convoité sont extrêmement rares. C’est en lisant Isabelle Fillozat que j’ai compris cela. Bien souvent, quand l’enfant réclame l’achat du jouet, ce n’est pas vraiment le fait de l’acheter qui compte. Mais le fait qu’il exprime qu’il en a vraiment très envie, et il a juste besoin qu’on reconnaisse que oui, vraiment, ce jouet là, il est trop super. Un peu comme moi quand je passe devant chez Camaïeu et que mes yeux jettent des coeurs devant cette petite tunique imprimée, que je dis à mon amoureux « olala t’as vu cette tunique, j’adore !!! ». Il ne lui viendrait pas à l’idée de me dire « arrête de la regarder, on l’achètera pas ». Par contre il me répondra peut-être « j’étais sûr que tu dirais ça ! » ou encore « dis donc ça t’irait drôlement bien ». Peut-être même que je rentrerais dans la boutique pour toucher cette tunique, l’essayer juste histoire de voir et repartir, sans elle.
Pour les enfants, c’est un peu pareil. A la différence près que leurs désirs par rapport aux choses sont systématiquement soumis à la validation de l’adulte. Et parfois on a tendance à interdire le fait même d’avoir envie, alors que ça nous arrive nous-même tous les jours, en interdisant tout bonnement de toucher, de s’arrêter un moment pour regarder, ou de garder un peu dans les mains.
Je l’ai expérimenté de multiples fois, bien souvent le fait de prendre un petit moment avec l’enfant dans le rayon pour discuter du jouet qu’il tient, en lui demandant par exemple pourquoi il l’aime, ou en le comparant avec lui à ceux qu’il a déjà, suffit pour que l’enfant repose ensuite le jouet, satisfait dans sa manifestation de l’envie et prêt à passer à autre chose. Lui proposer de garder le jouet le temps des courses fonctionne aussi très bien.
Mais à tout principe, il y a bien sûr des exceptions…
Vendredi matin en fût une, et une belle…impossible pour Lou de lâcher ce petit lapin. Pleurs, cris, colère…dans un petit Monoprix de centre-ville, autant vous dire que l’attroupement n’a pas tardé autour de nous. Marin sur mon dos, le panier de courses plein, et Lou qui montait dans les tours, gesticulant dans tous les sens, à tel point que j’étais obligée de la contenir fermement en même temps que je lui parlais doucement. Quelle difficulté, dans ces moments…sentir le regard des gens si lourdement posé sur nous. Le poids et la peur du jugement, qui pourraient vite nous faire basculer dans une attitude violente envers l’enfant pour que la crise cesse à tout prix, maintenant, immédiatement. Une mauvaise parole ou un geste brusque est pour moi le plus gros risque dans ces situations. Faire ce que les autres attendent de nous (ou ce qu’on croit qu’ils attendent), pour sauver la face. Notre face de parent qui sait « tenir » son enfant. Ce vendredi, j’ai senti la panique me gagner, ne sachant plus quelle voie emprunter pour apaiser la crise. La solution est venue d’une vieille dame, qui dans son erreur m’a replacée là où je devais être : avec ma fille, contre sa colère. Non pas moi contre ma fille, mais toutes les deux contre la crise.
Cette vieille dame, s’approchant et essayant de prendre le lapin des mains de Lou, lui dit « ah attention, les gendarmes arrivent maintenant ! ». J’étais accroupie à la hauteur de ma petite, je me suis redressée et lui ai répondu « Madame, je vous prie de me laisser m’occuper de ça, les gendarmes n’emmènent pas les enfants qui sont en colère ! ». Quelques instants plus tard, une autre dame me lança un « mais mettez lui une claque, ça la calmera ! ». « Vous voulez que je vous la mette ? Occupez-vous de vos courses ! » ai-je rétorqué. Malgré elles, ces deux personnes m’ont permis de garder le cap et de garder à l’esprit que pour faire cesser la crise, il fallait que je trouve non pas comment faire taire ma fille (ce qu’elles proposaient par l’usage de la peur ou de la violence physique), mais comment l’aider à gérer l’intense frustration qui la submergeait à ce moment là. J’ai repris le contact avec Lou, à sa hauteur, et lui ai simplement demandé sur un ton un peu désemparé : « mais pourquoi ne veux-tu pas le poser comme on fait d’habitude ? ». Elle m’a répondu « parce qu’il n’y a que lui en lapin et que si je le laisse, d’autres gens vont le prendre et je ne pourrai plus jamais le voir ! ». Sur le moment, je n’ai pas réussi à trouver d’autre solution que de lui répéter que j’étais désolée que ça la rende si triste mais qu’on devait le laisser là. J’ai pris le lapin, l’ai remis dans son présentoir, attrapé ma fille qui n’était toujours pas redescendue de son état en la calant fermement sur ma hanche, et nous sommes rentrées. Une fois à la maison, il aura fallu un gros câlin pour l’apaiser définitivement. Trente minutes environ de stress intense, pour tout le monde.
Mon analyse
Avec le recul, en repensant plusieurs fois à cette scène ces derniers jours, je crois que la clé était dans sa réponse : « si je le pose, quelqu’un va le prendre ». Sur le moment, entre la panique de toutes ces paires d’yeux braquées sur moi, Marin dans mon dos qui commençait à être gagné par le stress ambiant, et mon incapacité à gérer la crise, je n’ai pas tilté. Mais je me dis aujourd’hui qu’il aurait peut-être suffit que je dise « oh mais viens, on va le cacher tout au fond de la boîte, comme ça personne ne le verra ! ». Et jouer deux minutes à bien cacher le lapin dans son rayon. Ou peut-être pas. Mais j’essayerai si un jour la situation se représente, elle avait peur de le reposer, ça l’aurait peut-être rassurée de le dissimuler ?
Et vous, avez-vous des bottes secrètes pour traverser les « épisodes jouets » sans encombres ? Comment gérez-vous les éventuelles crises de vos enfants quand vous ne pouvez pas leur accorder quelque chose ? N’hésitez pas à partager vos expériences en commentaires 🙂
Image d’illustration ici
Mam’zelle J., 6 ans, a trouvé d’elle même une solution à ses frustrations dans les magasins : quand on ne peut pas acheter l’objet, étiré me demande de la prendre en photo avec ledit-objet. Comme ça, elle sait qu’elle pourra encore le voir et l’admirer. J’étais bluffée le jour où elle m’a suggéré ça, et jusqu’à maintenant ça fonctionne plutôt bien (et c’est toujours elle qui le demande). En tous cas, clâprement le regard des autres, c’est ce qu’il y a de pire dans ces moments là. .. (Et ici, ça n’arrive pas que pendant les courses, mais aussi au parc par exemple, quand je refuse qu’elle ramène à la maison un bébé escargot ou 15 bouts de bois. ..)
C’est trop bien cette histoire de photo. D’autres en ont parlé aussi sur la page facebook. Je n’y aurais jamais pensé, je vais tester c’est sûr !
Mais oui !! Ça fonctionne du tonnerre les photos… Nos enfants de 7, 4 et 2 ans ont validé ce système de nombreuses fois… Ça permet aussi de faire des listes d’envies en image consultables à loisir sur le téléphone portable tout en permettant aux enfants de constater que leurs désirs évoluent avec le temps… Et pour nous parents ça permet de nous souvenir d’objets ou jeux qui feraient plaisir aux enfants lorsqu’arrivent fêtes ou anniversaires…
Ici, et depuis qu’il est tout petit, je fais toujours les courses avec mon fils. Et jusqu’ici nos n’avons jamais eu de crises (il a 3 ans). Bien sûr parfois il me demande de lui acheter jouet, mais je lui ai toujours expliqué qu’on ne pouvait pas acheter des jouets tout le temps et que s’il le voulait vraiment il pouvait le demander pour Noël ou son anniversaire. Bien sûr je ne suis pas à l’abris de crises dans le futur…
Par contre je suis complètement choquée par les remarques des 2 personnes qui sont intervenues (et je suis même juste choquée qu’elles soient intervenues…)
Je te souhaite que ça dure, ici on en a pas eu beaucoup, et les aussi intenses que celles de vendredi sont heureusement extrêmement rares, ça doit être la deuxième ou troisième en 4 ans. J’ai été hyper choquée moi aussi, surtout d’une intervention aussi malveillante !
Coucou, pas facile de réagir correctement avec le stress et la pression des autres … Ici, avec pimprenelle, 5ans, en général, je lui dis de le noter sur sa liste pour son anniversaire / noel suivant la période de l’année ^^ et jusqu’à présent ça marche plutôt bien. Bon y a des exceptions évidemment ici aussi mais jusqu’à présent je suis toujours tombé sur des personnes qui m’ont adressé un petit sourire compatissant, du style « courage je sais ce que c’est » que sur des gros lourds. D’ailleurs ce petit sourire il m’a fait du bien à chaque fois car cela permet de relativiser et de prendre du recul.
Oui c’est vrai, quand je suis témoin de ce genre de situation je fais toujours en sorte, si mon regard croise celui du parent, de lui faire comprendre que je sais très bien ce qu’il vit et qu’il n’a pas à craindre ce que je peux penser. D’ailleurs j’ai oublié de le dire dans le billet mais à la caisse en payant les courses avec Lou qui était toujours en furie, la caissière et la jeune dame derrière moi ont été au top, en m’aidant à passer les articles, à les ranger etc…heureusement que tout le monde n’est pas comme ces deux dames du rayon ! Merci pour ton témoignage 🙂
Jusque là on a toujours évité les grosses crises dans les magasins avec GrandeFille. Souvent, les astuces que tu mentionnes fonctionnent très bien (Filliozat a aussi été mon livre de chevet pendant un moment ^^). Sinon dernièrement on est entré dans une période où elle veut tout ce qui a trait à la reine des neiges (autant dire que TOUS les rayons peuvent poser problème -_-‘) et forcément ce n’est pas possible. La solution que j’ai trouvé quand je ne veux pas acheter et que juste regarder un moment ne lui suffit pas, c’est de prendre l’objet en question en photo avec mon téléphone, soit pour qu’elle puisse le revoir quand elle a envie à la maison, soit pour potentiellement le demander sur une liste lors des occasions (anniversaire, noel) ou si quelqu’un de la famille a envie de lui faire un petit cadeau. Jusque là ça a très bien fonctionné, elle est contente de revoir les photos et elle répète souvent que tel ou tel objet elle le mettra sur sa liste du père noel.
Merci de ton témoignage 🙂 Cette histoire de photo revient beaucoup depuis la publication du billet, j’adhère complètement !
Ton article m’a du coup donné envie d’écrire sur ma propre expérience des courses avec les enfants. Je le cite dans mon dernier post, n’hésite pas à me dire si ça t’embête et j’enlèverai la référence : http://leanorastory.wix.com/lesmots#!Les-courses-ce-calvaire-ou-pas/cu6k/578e286e0cf256540e9e55fe
Oh mais non au contraire, c’est très bien le ping pong, j’aime les blogs pour ça ! Je trouve ça super que lire quelque chose chez quelqu’un puisse ensuite déclencher autre chose chez quelqu’un d’autre, ça m’arrive souvent ! Et en plus ton billet est très intéressant 🙂
Bonjour Léanora,
Si ton blog est encore actif, peux-tu mettre un lien qui fonctionne ? Merci beaucoup, à bientôt, bonne continuation !!!
Merci pour cette article! Encore une fois il est très chouette! Quand Bébou demande quelque chose dans un magasin je lui explique pourquoi on ne peut pas l’acheter aujourd’hui, et la plupart du temps elle le repose sans problème. Elle n’a fait une crise qu’une seule fois et c’était en sortant d’un magasin. Au moment d’entrer dans la voiture. Sur le moment je n’ai pas compris, elle hurlait, se débattait, j’étais désarmée. J’ai essayé de parler, d’expliquer, de rassurer, puis je me suis fâchée, j’ai grondé, j’ai tenté de la maîtrisée…et enfin à court d’argument je lui ai dit : tu veux qu’on fasse un câlin? Je crois qu’elle ne s’y attendais pas. Elle m’a fait oui de la tête et on a fait un gros câlin là comme ça, sur le parking. Et ça l’a apaisé. Je lui ai demandé « mais pourquoi tu ne veux pas allez dans la voiture? On va rentrer à la maison, papa nous attends… » Elle m’a dit qu’elle voulait rester là. Là sur le parking. En fait on avait passé un bon moment toutes les deux et c’est ça qu’elle ne voulait pas quitter. Alors je lui ai raconté notre programme en rentrant, à quel point ce serait chouette aussi… Et on est reparties, sereines. Autant je ne suis pas contre la fessée de temps en temps (bien que je revoie doucement ma position^^) autant je trouve que dans une situation pareil ça ne sert à rien. L’enfant et dans un état qu’une réaction colérique ne peut pas apaiser. Il reste le dialogue… Mais c’est loin d’être évident!^^
Vue que ma petite de 2 ans me réclame du fromage à chaque fois qu’on fait les courses, que je lui en prend et qu’elle le mange en route (bon un jour elle voulait entamer le paquet de pates, puis le saucisson, il a fallu que je ruse en lui proposant du jambon à la place), je n’ai pas de crise pour le moment.
D’ailleurs c’est plus souvent moi qui voit un jouet et qui lui propose.
J’ai eu une « crise » une fois, parce qu’elle voulait les smarties « main’nant ! » En fait, elle voulait juste secouer la boîte qui faisait du bruit (les dit smarties étaient pour la déco de son gateau d’anniversaire, sans quoi on aurait entamé la boîte sans soucis).
Bon après, le plus dur c’est de prêter le fromage à la caisse. Mais au moins, j’ai toujours des gentilles remarques : ah bin elle aime le fromage au moins ! Ou bien : C’est mieux que les gateaux, hein la puce ?
Par contre, j’évite de l’emmener dans un magasin de jouets, faut pas tenter le diable. Quand c’est arrivé, elle a pris le jouet et l’a oublié dans un rayon un peu plus tard 🙂
Bonjour Julie,
Je ne sais pas trop où mettre ce petit témoignage c’est un sujet qui me parait très important alors même que ma fille n’a que deux ans et demi. Alors, je le mets là, car la photo m’y a fait un peu penser (mais n’hésites pas à le mettre ailleurs)… Pour ses deux ans, quelqu’un a offert un très joli maillot de bain à ma fille… Très joli, très coloré SAUF qu’il est deux pièces, triangle pour cacher/révéler les « seins » de ma fille… Je suis très choquée qu’on puisse acheter un truc comme ça pour une enfant si jeune !!! La personne m’a dit « les petites filles aiment faire comme leur maman »… Euh moi je préfère qu’elle étende du linge, qu’elle dessine, qu’elle fasse la cuisine,qu’elle danse, comme moi plutôt qu’elle porte ce genre de machin…. Depuis plusieurs mois, je me demande périodiquement « que faire de ce truc ???!!!! » Le plus simple serait bien sûr de le mettre à la benne à vêtements… Mais ça me posait problème de me dire qu’une autre petite fille dont la maman serait moins concernée, le lui ferait porter…
J’ai eu ce matin une illumination !!!! Deux trois coups de ciseaux, un nœud et le haut de bikini se transforma en…couche pour la poupée !!!!!!!!! SUPER CONTENTE de mon idée !!!! Bonne continuation !