Je voulais en parler depuis longtemps.

Depuis l’époque du blog Working Mama pour être exacte. Depuis quelques jours des blogueuses comme mon amie Soline du blog S’éveiller et s’épanouir de manière raisonnée s’emparent du sujet et ça me motive donc à apporter ma pierre à l’édifice de cette réflexion qui me semble ô combien nécessaire, et qui me paraissait tellement évidente…alors qu’elle ne l’est pas forcément pour vous qui me lisez et qui lisez sans doute d’autres blogs traitant de parentalité.

Avant de poursuivre je vous informe juste que ce billet est rédigé depuis mon lieu de vacances, directement sur mon mobile et c’est la première fois que j’utilise cette méthode dans toute ma vie de blogueuse. Mes excuses donc si vous trouvez des soucis de mise en page par exemple, je retablirai tout ça à mon retour sur ordinateur le 20 août. Mais je n’avais pas envie d’attendre pour m’exprimer et vous savez si vous me lisez régulièrement que ce blog, comme le précédent, est essentiellement rythmé par la spontanéité des événements ou de mes expériences. 

Je suis mère depuis 5 ans et demi.

Et depuis 5 ans et demi, avec une petite interruption de 9 mois entre septembre 2015 et mai 2016, sur mon précédent blog puis sur celui-ci, je parle avec vous de parentalité. Mes pensées et convictions à ce sujet étaient très différentes lorsque je n’avais pas encore d’enfants et puis l’arrivée de ma fille est venue bousculer mon ordre établi. 

Avant ma première grossesse, j’ai plusieurs fois commenté certains blogs traitant de la fessée par exemple en disant que j’en avais eu et que je ne voyais pas le problème. Vous voyez un peu, pour ceux qui me connaissent aujourd’hui ou depuis WM, le chemin que j’ai pu faire. 

Depuis, je n’ai jamais cessé de partager mes réflexions, mes pistes, et mes expériences. L’écho de tout cela m’a souvent dépassée d’ailleurs, et me dépasse toujours. Je sais que le blog Working Mama a eu une influence réelle sur beaucoup de ses lecteurs, en témoignent les multiples retours que vous m’avez transmis ces 5 années et les dizaines de milliers de partages des textes que j’ai pu livrer. 

De la place pour relativiser

Assez rapidement sur Working Mama, j’ai intercalé entre les billets militants des billets que j’avais appelés « mises en situation » dans lesquels je traitais d’expériences réussies avec mes enfants en gestion de crise, mais aussi d’échecs parfois cuisants. J’ai également eu à coeur de lever les tabous de la difficulté maternelle, que ce soit en vous parlant de mon attachement retard pour mon deuxième enfant ou plus récemment, ici sur ZunZún, de mon ambivalence de mère. Assez vite, j’avais compris que la perception que mes lecteurs avaient de moi, de ma famille, de mes enfants et de mon mode de vie etaient biaisés. A vouloir vous emmener sur le terrain de la réflexion et à vouloir proposer un autre regard sur une parentalité si normée dans laquelle de plus en plus de jeunes parents ne se reconnaissaient plus, j’ai été en quelque sorte prise au piège de « l’effet écran » comme le définit Soline dans son billet. Combien de fois ai-je pu entendre dire que j’étais parfaite alors que moi je me sentais souvent en grande difficulté pour faire coïncider mes convictions et ce qu’ il se passait sous mon toit. Ceci est d’ailleurs valable pour les autres thématiques engagées que je peux aborder en alimentation ou en protection de l’environnement.

La perfection n’existe pas

Je rejoins Soline lorsqu’ elle parle de choix : ce que je publie est un choix, celui de partager des contenus motivants, des textes pour penser, des idées pour avancer. Avec soi même, avec les enfants, avec la vie. Non pas parce que j’ai moi même atteint tout ça, mais justement parce que je suis en chemin comme tout le monde et que j’ai la sensation que mon chemin, et l’analyse que j’en fais, peut être utile à d’autres. 

Est-ce pour autant que je ne fais pas d’erreurs ? Est-ce pour autant que mon quotidien n’est pas truffé de situations complexes, de conflits mal gérés, d’enfants en colère pour un oui pour un non et de réactions que je juge bien trop éloignées de mes convictions ? Bien sûr que non. 

Si vous saviez combien de fois je me sens complètement à côté de la plaque. Le nombre de fois où je perds patience. Le nombre de fois où je crie, aussi. Mais y a t il une famille dans laquelle ça n’arrive pas ? Et est ce pour autant que je dois arrêter de partager avec vous mes réflexions sur la parentalité ?

Je ne le crois pas

Si seuls les êtres capables d’un sans faute avaient le droit de s’exprimer sur le domaine choisi, alors nous n’aurions plus grand chose à lire, à réfléchir et à transformer. Rappelez vous, la perfection n’existe pas. Et donc, même celui ou celle qui milite pour sa cause est sujet aux contradictions et aux échecs, aux remises en question et aux doutes. Et c’est là que pour moi la démarche est saine. 

La bienveillance sous mon toit ?

Oui, je milite et j’essaye d’oeuvrer à mon niveau pour que le regard sur l’enfance et sur l’éducation change et tende vers plus de justice, de respect et de bienveillance en général. Mais ça ne me met pas à l’abri de vivre des expériences difficiles et d’en faire vivre à mes enfants tout simplement parce que je suis humaine, et que je suis adulte avec l’enfant que j’ai été, avec mon histoire, mes casseroles et les apprentissages que la Vie m’a offerts. En revanche, mes convictions délimitent un périmètre duquel je m’interdis de sortir et pour y parvenir c’est un travail de chaque instant. Qui n’est pas toujours couronné de succès mais s’il y a une chose qu’ on ne pourra pas jamais me reprocher, c est de ne pas avoir essayé. 

Être un parent respectueux pour moi c est avoir conscience. Avoir conscience que mon état de colère n’est pas la faute de mes enfants mais la mienne, car ce sont mes besoins qui ne sont pas comblés, et c est à moi de trouver mes solutions pour y parvenir. Avoir conscience c’est ne pas refuser une information qui me permettrait de comprendre pourquoi mon fils de 3 ans se roule par terre pour tout et pour rien, juste parce qu’elle me ferait sortir de ma zone de confort et viendrait remettre en cause ma propre éducation. C’est ne pas juger mes enfants et admettre qu’ils sont en développement, et que je dois leur demander des choses qu’ ils sont en mesure de réaliser en fonction de ce développement justement et que si mes demandes vont trop loin, je dois accepter qu’ elles ne puissent pas aboutir sans faire porter à mes enfants le poids de cet échec. 

Avoir conscience c’est, après chaque épisode où je peux crier envers eux, me questionner sur pourquoi je n’ai pas réussi à faire autrement. Avoir conscience c’est savoir leur demander pardon et leur dire que je n’ai pas le droit de crier dans l’absolu, mais que parfois je suis dépassée par mes émotions et que comme eux, avec eux, j’apprends à les gérer. C’est chercher sans cesse à comprendre, à apprendre, pour aller plus haut. 

Être un parent bienveillant pour moi c’est regarder vers l’horizon qui dessine l’amour et le respect inconditionnel du corps et de l’esprit. Ce regard traversera toujours des nuages, de très blancs à très gris, et autant d’orages qui viendront assombrir ponctuellement le voyage. 

Je suis parfaitement imparfaite

Je crie parfois sur mes enfants, mais ça ne m’empêchera pas de continuer à partager avec vous des idées, des solutions, des billets militants quand j’en ressens le besoin du fait de l’actualité ou de ce que j’ai croisé dans la rue, des expériences réussies lorsque j’ai la sensation d’avoir pu mettre en oeuvre ce en quoi je crois, et des expériences ratées avec mes projections de ce qu’aurait été l’attitude à avoir. Certains pourront continuer à penser que c’est incohérent et ils en ont le droit. Moi je pense que c’est justement ce qui m’aide à garder mon cap, et à tirer les justes leçons de mes erreurs. 

Je suis comme vous. Et mes enfants sont comme les vôtres.

Ils pleurent, ils se battent, ils exigent parfois, ils mettent un bordel monstre sous mon toit, ils peuvent me faire répéter 25 fois la même chose. Venez pique niquer avec nous et vous verrez que notre famille n’est pas différente de la vôtre. 

Elle ne fait que regarder vers l’horizon, à travers les nuages.

Image de couverture : Pixabay