Là, je vous vois, ceux qui viennent souvent ici.

Ca doit ressembler à quelque chose comme oÔ. Ou encore 😮 . Il est vrai que je ne vous ai pas trop habitués à des sujets de cette nature ! Mais j’ai envie de vous parler un peu de problématiques typiquement féminines car il me semble qu’on ne parle pas assez, en termes ouverts et décomplexés, de ce que l’on connaît toutes : les règles. J’en veux pour preuve tous les noms divers et variés qu’on leur donne pour ne pas avoir à dire leur nom. Alors je le dis : règles, règles, règles. Voilà, les barrières devraient être tombées à ce stade 🙂

Récemment, France 5 diffusait « Tampon, notre ennemi intime », un documentaire très inquiétant sur les protections périodiques et notamment donc, les tampons. J’écris ce billet un peu tard, car la rediffusion sur le Pluzz France TV s’arrête ce soir, mais si vous voulez en savoir plus sur ce film je vous invite à lire l’article de Elle, paru la semaine dernière, qui en précise le contenu et quelques informations essentielles à retenir.

De mon côté, pour faire écho à ce documentaire j’ai envie de vous parler de mon expérience de la coupe menstruelle, qui je le sais rebute pas mal de femmes pour diverses raisons tout à fait compréhensibles, mais qui au final s’avère être un allié de choix dans nos périodes de règles. Allié autant pour notre santé que pour la planète. Je l’utilise depuis peu, au final : janvier 2017 ! Mais après 4 cycles, je sais déjà que j’aurais du m’y mettre bien avant. Bien bien bien avant.

Au commencement

La coupe menstruelle, j’en ai entendu parler il y a longtemps. Quand j’étais étudiante, à l’âge de 27 ans, une amie l’utilisait et m’en vantait déjà les mérites. Je crois qu’à l’époque, j’avais déjà tout à fait conscience de la dangerosité de ce que j’utilisais (je n’ai mis que des tampons depuis le début de mes règles, des serviettes en supplément pour les jours de flux trop forts si je craignais de n’être pas assez protégée, mais toujours des tampons quoiqu’il arrive), mais je crois que j’étais aussi suffisamment influencée par la publicité pour me dire que ça ne pouvait pas protéger aussi bien que les tampons. Que forcément ça finirait par déborder, que je n’arriverais pas à l’installer ou que j’aurais toujours peur qu’elle soit mal positionnée…bref, j’avais entendu le propos, mais je n’étais pas prête à passer à l’action.

En cours de route

Malgré mon incapacité à franchir le pas pour mon utilisation personnelle, j’étais quand même fortement tentée. J’ai beaucoup lu sur cet accessoire, renforcé mes convictions que les produits jetables étaient néfastes pour les femmes et pour l’environnement. Ma pensée faisait son petit bonhomme de chemin, mais en pratique j’utilisais toujours mes tampons. Avec de plus en plus de réticence, ceci dit, mais les habitudes ont la vie dure… En octobre 2016, je sautais le pas et m’achetais ma première coupe menstruelle, presque sur un coup de tête : au supermarché, au moment d’acheter mes tampons habituels, je tombais nez à nez avec la Be’Cup by Intimy (marque du groupe Mercurochrome®, déjà bien connue pour ses préservatifs). Quand je l’ai découverte en octobre 2016, c’était la seule coupe disponible en grandes surfaces. Je ne sais pas si c’est toujours le cas mais croyez-moi ou pas, sa présence dans le rayon m’a fait douter de sa légitimité. Ma réflexion sur le moment ressemblait un peu à ça (imaginez un ange sur une épaule, un petit démon sur l’autre) :

« Oh on trouve ça maintenant ici ? Super ! »
« Mouais, c’est louche quand même. Regarde voir la marque…mouais, ça veut surfer sur la nouvelle tendance, surtout » (ndlr : les 1ères coupes menstruelles datent…du début du 20ème siècle !)
« Quand même ce serait l’occasion de tester ! »
« Mouais. Chais pas. Et puis si ça marche pas. Et puis si ça déborde. Et puis c’est 17€ quand même, alors si je me plante ça fait cher l’erreur »
« Bon allez, je la prends. Mais je prends quand même des tampons au cas où ».

Et je l’ai achetée. Je l’ai regardée, souvent, ensuite. J’ai lu plusieurs fois la notice. Je l’ai re-regardée. J’ai re-re-re-relu la notice. Et puis j’ai mis des tampons quand mes règles sont arrivées, en me disant que j’étais quand même cruche, un peu, d’avoir ça dans mon tiroir et de ne pas oser tester. Du formatage tout ça, j’en suis sûre ! Et puis la crainte aussi, certainement, de mon flux devenu si abondant pendant quelques jours depuis la pose de mon stérilet en novembre 2015. En revanche, je savais que cette coupe menstruelle serait bonne pour moi car avec le stérilet (au cuivre) que je portais était arrivé un problème non négligeable qui me poursuit encore aujourd’hui : les mycoses chroniques (nous reparlerons de ces deux sujets dans le prochain billet « spécial filles »). Or les tampons sont aussi connus pour augmenter les risques de mycoses car ils acidifient le PH…à l’inverse de la coupe menstruelle qui n’acidifie pas et ne perturbe pas la flore vaginale. Alors quoiqu’il arrive, il allait bien falloir que je teste pour voir si ça améliorait la situation.

Et puis en janvier, mes règles sont arrivées. Plus tôt que prévu, je n’avais pas de tampons, pas de serviettes, tout était passé dans le cycle précédent. Alors j’ai ouvert mon tiroir, j’ai sortie ma coupe menstruelle toute neuve. Je l’ai stérilisée…et je l’ai mise.

Mais quelle révélation !

J’ai été réglée tard, comparativement à la moyenne des femmes : mes premières règles sont arrivées alors que j’entrais au lycée.  D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours vécu mes périodes de règles comme une lourde contrainte : penser à se changer avant que ce ne soit critique, penser à prendre suffisamment de protections d’avance si on sort, avoir toujours de quoi tenir une journée si les saignements démarrent hors période prévue…sans compter la dépense, et la gestion des déchets. Quel calvaire…tout cela ne m’a pas aidée à vivre mon cycle, de façon générale, comme quelque chose pouvant m’être bénéfique et j’ai toujours détesté de voir approcher la date de mes règles. Ça aussi nous en reparlerons dans quelques temps : ceux qui suivent la page Facebook du blog auront sans doute vu passer l’article que j’avais partagé sur une approche nouvelle pour moi du cycle féminin, et comment je souhaite étudier l’influence de la Lune sur mon cycle menstruel.

Bref, les règles et moi, c’était une histoire bien compliquée, que je subissais en tous points. Depuis janvier tout a changé. Mais vraiment tout !

Pour la première fois en 16 ans de cycles, j’ai failli oublier de me changer en fin d’après-midi un jour de flux maximal. A titre de comparaison, ces jours là un tampon Super Plus (donc le plus absorbant existant) me tenait au mieux deux heures, et plus souvent à peine une. Là, j’avais tenu 8 heures sans avoir une seule fois la sensation d’être en situation « à risque ». J’ai été vraiment surprise, c’était la première fois que je ne pensais pas du tout à mes règles sur une journée de ce type qui était pourtant, auparavant, source de grande angoisse (je ne prévoyais aucune activité à l’extérieur de peur de ne pas trouver où me changer, etc). Pendant ces trois jours de flux maximal, je me suis changée au plus 2 fois entre 7h le matin et 22h, ça ne m’était jamais arrivé. Ce constat a fini ma transition définitive des tampons vers la coupe menstruelle. Plus jamais je n’utiliserai autre chose, c’est une évidence tellement folle que je me demande comment j’ai pu faire autrement et me soumettre à tant de contraintes inutiles pendant tant d’années.

Côté santé, j’ai constaté une amélioration avec une diminution de mes symptômes chroniques. Pas suffisamment pour me guérir, mon cas étant tout de même très particulier. Mais en tout ca, cela m’a confirmé qu’effectivement, les tampons n’étaient pas mes amis.

Côté environnement, j’utilise désormais un accessoire unique, lavable, réutilisable pendant 5 ans (selon la notice. D’autres coupes sont utilisables 10 ans, je ne sais pas pourquoi la mienne a une durée de vie recommandée plus courte). On estime à 10 000 le nombre de tampons utilisés par une femme au cours de sa vie menstruée. Ramené à la population féminine totale utilisant des protections périodiques, le chiffre donne le tournis ! En 4 mois, j’ai donc déjà épargné à ma planète une quantité considérable de déchets, tant pour la production des tampons que pour leur « vie » après usage (en guise de vie, comprenez un déchet impossible à traiter, non-recyclable, qui finit à l’incinérateur, contribuant ainsi au réchauffement climatique et arrêter tout ça, c’est aussi agir et faire « sa part du colibri » !).

Depuis Janvier 2017, je vis mes règles dans l’insouciance la plus totale et ça mes amies, c’est le début du bonheur. Jamais je n’aurais pensé pouvoir oublier que j’avais mes règles, or ça m’arrive très souvent maintenant. A toutes celles qui voudraient essayer à la lecture de ce billet, je souhaite donner quelques petits conseils, pour atténuer les craintes (sans doute assez proches des miennes) qui peuvent empêcher de sauter le pas :

Est-ce que c’est dur à mettre ?

Pas du tout : au début on n’est pas sûre de soi et de ce qu’on fait, mais au final en étant à l’écoute de ses sensations corporelles et en regardant bien les vidéos fournies par les fabricants on y arrive très bien. Il suffit de quelques jours pour prendre le bon geste. Et vous trouverez peut-être, comme moi maintenant, votre propre façon de l’installer ! Vous trouverez en fin de billet la vidéo fournie par Mercurochrome® pour la coupe que j’utilise, ça vous donnera une idée concrète de la mise en place.

Est-ce que ça fait mal ?

Non plus. Quand elle est bien positionnée, on ne la sent pas du tout. Si une gêne est ressentie, c’est peut-être qu’il faut la retirer et la repositionner.

Est-ce que c’est salissant ?

Alors. Au début, quand on n’a pas l’habitude, oui ça peut l’être un peu, et on peut avoir un peu de sang sur les mains quand on vide la coupe pour la repositionner. J’ai assez rapidement solutionné ce problème en anticipant l’opération : au moment de me changer, je prépare deux grands bouts de papier. Le premier me sert à essuyer rapidement ce qui pourrait avoir coulé sur la coupe au moment de la retirer et de la vider, pour pouvoir ensuite la manipuler sans me « salir » les mains (faut-il toutefois rappeler que le sang menstruel est tout sauf sale ? C’est le sang de la vie et en cela, plutôt que sale, il est surtout sacré 🙂 ). Le second bout de papier sert à nettoyer mes mains si jamais le repositionnement amène un peu de sang sur ma peau. Avec cette méthode, le processus est vraiment facile et sûr. Ensuite, il suffit de se laver les mains mais ça, on le fait règles ou pas !

Et si j’ai peur que ça déborde ?

J’imagine que c’est une crainte qu’on partage toutes au début ! Pour se sécuriser les premiers temps, une petite serviette en supplément et hop, on est tranquilles. Et même par la suite, en cas de doute, on peut continuer à en mettre pour être complètement rassurée ! Mais avec des serviettes lavables alors, pour être vraiment zéro déchets ! 😉

Comment je fais si je ne peux pas la nettoyer à chaque fois que je dois la vider ?

Personnellement, je la nettoie une fois par jour, lors de mon change du soir avant de dormir. Que je sois chez moi ou à l’extérieur. Il est d’ordinaire conseillé de ne pas rester plus de 10 à 12h sans procéder au moins à un rinçage (et quoiqu’il arrive, on se lave les mains avant et après). Si vraiment je sais que je vais devoir me changer dans des endroits « à risque » (toilettes publiques par exemple), où ma coupe pourrait venir en contact avec la cuvette par exemple, j’ai une serviette qui me permet d’être en sécurité pendant la phase retrait, nettoyage au lavabo, ré-installation. Après, je comprends que certaines femmes aient un problème avec le fait de nettoyer une coupe menstruelle (préalablement vidée donc au final assez peu « sale » tout de même, et on peut l’essuyer complètement avec du papier avant de passer au lavage) dans un endroit où quelqu’un pourrait entrer et voir ce qu’elles font. Je n’ai pas ce questionnement, pour moi les règles sont d’une normalité la plus absolue, je suis une femme et donc, j’ai mes règles, dommage pour ceux qui préféreraient ne pas le savoir ou faire comme si je pouvais faire un effort pour ne pas le montrer. Je n’ai pas choisi, je suis née comme ça et je ne peux pas ne pas les avoir, donc je considère ne pas avoir à me cacher de ça. Et donc je peux nettoyer ma coupe dans un endroit public parce que je ne vais pas mettre des tampons qui me font du mal juste parce que certains ne veulent pas voir que je nettoie ce qui me permet de me protéger. Bon je reste discrète quand même, mais au lavabo sans problèmes. Pour finir sur l’hygiène, il n’est pas nécessaire de stériliser sa coupe menstruelle tous les jours. Une fois à la première utilisation, puis entre les règles. Pendant la période de saignement et sauf accident genre la coupe qui tombe par terre dans des toilettes d’autoroute (le cauchemar !! 😀 ), un simple lavage au savon tous les jours suffit.

Est-ce que le retrait de la coupe peut entraîner aussi le stérilet ?

Je n’aurais jamais pensé à cette question si je n’avais pas discuté de la coupe menstruelle avec ma sage-femme lors du retrait de mon stérilet il y a 15 jours. Visiblement c’est une question qui revient souvent chez ses patientes quand elle leur parle de la coupe menstruelle. La réponse est donc : non. Pour entraîner le stérilet, il faudrait que la coupe soit retirée en faisant en sorte que son extrémité en contact avec le col de l’utérus enserre les fils du stérilet. Or, le retrait de la coupe se fait par sa base, en appuyant légèrement pour défaire l’effet ventouse. Les fils du stérilet ne peuvent donc pas être pris dans ce pincement de la base, ou alors il faudrait qu’ils soient vraiment très longs ! Deux cas ont toutefois déjà soulevé une interrogation sur un possible lien entre le retrait du stérilet et l’utilisation de la coupe menstruelle, mais rien n’a permis de démontrer un véritable lien de cause à effet.

Est-ce que ça convient à tout le monde ?

Jusqu’à jeudi dernier, je pensais que oui. La coupe menstruelle existe en plusieurs tailles : jeunes filles et femmes vierges, avec ou sans enfant(s), et spécial flux abondant (personnellement, ma coupe menstruelle en taille 2, donc pour femme ayant déjà accouché par voie basse, convient à mon flux pourtant très abondant dû au stérilet pendant ma période de contraception avec cette méthode). Et puis j’ai appris par une amie que les femmes souffrant d’endométriose pouvaient rencontrer également des problèmes avec la coupe menstruelle. Je n’ai pas trouvé d’information vraiment précise sur cette incompatibilité, je suis preneuse de vos expériences en commentaires !

Notons également, que tout ce que je raconte ici est le fruit de mon expérience et mon avis très personnel sur cette question, mêlant préoccupations santé, préoccupations écologiques, confort personnel…et que vous pourriez très bien ne pas du tout partager mon avis ! Pour tout un tas de raisons qui vous sont propres et qui, de fait, sont légitimes.

Voilà pour mon retour d’expérience après 4 mois d’utilisation de la coupe menstruelle.

J’ai cité la marque de celle que j’utilise (note : ce billet n’est pas sponsorisé) mais je ne suis pas en mesure de vous parler des autres marques, que je n’ai pas testées encore et que je ne testerai pas je pense tant que la mienne sera encore utilisable. Elle me convient très bien, je vais donc attendre d’avoir à la renouveler pour éventuellement tester un autre fabricant. Quoiqu’il en soit, vous trouverez beaucoup d’autres modèles et marques de coupes menstruelles en magasin bio, en pharmacie et parapharmacies, sur Amazon, ou dans les boutiques en lignes dédiées à l’écologie comme Greenweez. Je vous mets pour finir, la vidéo du site Be’Cup. Bonne découverte à toutes celles qui ne connaissent pas encore cette petite merveille qui peut changer la vie des femmes !

https://www.youtube.com/watch?v=CkSpvcbSxK4

Image de couverture : Pixabay

avis coupe menstruelle