Vendredi soir j’étais au Café Veg’ à Clermont et nous avons parlé des oiseaux.

Petit mot rapide sur ce Café Veg’ pour poser le contexte : chaque deuxième vendredi du mois, au café-lecture Les Augustes de Clermont-Ferrand, a lieu une rencontre dont l’objectif est de débattre, s’informer et échanger sur les mouvements végétariens et véganes. Cet événement gratuit est ouvert à tou-tes-s, végés ou non, dans un optique de partage. Nous nous retrouvons autour d’un thème (et d’un buffet où chacun peut apporter son interprétation de la cuisine végétale). Ce vendredi 10 novembre, nous avons appris grâce à un membre de la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) comment aider, secourir et protéger les oiseaux notamment en hiver, où nous avons pour beaucoup l’habitude de les aider dans leur nourriture.

Cette rencontre fut fort enrichissante, notamment car elle a permis de faire le point sur nombre d’idées reçues qui amènent la plupart d’entre nous à faire des choses en étant persuadé-e-s qu’elles sont bonnes pour les oiseaux, alors que finalement elles sont très dangereuses pour eux, voire mortelles à court, moyen ou long terme. Il y a quelques semaines, mes enfants ont recueilli un petit oiseau avec leur papa, qui est mort assez rapidement. Avec les informations apprises hier soir, ils auraient sans doute pu le sauver, alors je vous partage aujourd’hui ce qu’il faut retenir, dans l’alimentation de l’oiseau et la façon de le prendre en charge :

Aider secourir et protéger les oiseaux en hiver

L’alimentation

Nous avons tous déjà éparpillé du pain sec sur nos balcons, vu nos grands-parents donner le vieux pain aux oiseaux, ou donné du pain aux canards. Or, c’est le comportement le plus dangereux pour les oiseaux quand on veut les nourrir et voici pourquoi :

  • Le pain est salé. Or, les oiseaux n’ont pas de vessie, et les reins sont donc les seuls filtres sanguins qu’ils possèdent. Leur alimentation naturelle contient la dose de sodium dont ils peuvent avoir besoin, qui est dérisoire comparée à la dose contenue dans le pain et dans l’alimentation humaine de façon générale. Cet excès de sodium ne peut pas être traité par leurs reins, qui finissent par dysfonctionner, pour entraîner une mort plus ou moins rapide selon l’espèce et la fréquence à laquelle le pain est consommé.
  • Le pain est très peu nutritif, mais donne à l’oiseau un sentiment de satiété du fait du volume qu’il occupe. En hiver, les oiseaux ont besoin (comme nous) d’un apport calorique suffisant pour maintenir la température de leur corps, ce que le pain ne permet pas. La consommation de pain les rassasie et ne laisse plus la place à de vrais nutriments. Ils finissent par tomber malades car leur système immunitaire souffre des carences nutritives de l’alimentation, ou par mourir d’hypothermie.
  • Le pain gonfle dans l’estomac de l’oiseau et crée de nombreuses occlusions intestinales qui entraînent la mort dans la plupart des cas.
  • Le pain est également responsable de la malformation dite « des ailes d’anges » : le squelette de l’aile, semblable à celui du bras humain à l’exception des mains dont les doigts sont joints, se déforme comme si votre coude était tiré vers l’arrière. En langage d’oiseau, cela revient à ne plus pouvoir voler car l’angle des plumes ne permet plus la portance.

Donc, jamais de pain aux oiseaux quels qu’ils soient, même si ça met K.O une belle image d’Epinal.

En plus du pain, trois autres familles d’aliments sont à proscrire absolument :

  • Les produits laitiers : les oiseaux ne sont pas des mammifères. S’il est admis de nourrir un petit mammifère que l’on a recueilli avec du lait, même d’une autre espèce, c’est un non-sens en ce qui concerne les oiseaux car leur organisme n’est pas prévu pour recevoir ce produit, à aucun moment de leur vie. Ils n’ont donc pas la capacité de le digérer, de l’assimiler, et cela leur cause de graves dommages.
  • Les produits salés : pour les raisons expliquées plus haut
  • Les produits sucrés : l’organisme des oiseaux n’est pas capable de supporter des sucres autres que ceux présents naturellement dans leur alimentation végétale (sucre des fruits par exemple). Le sucre raffiné est un poison violent pour eux : exit donc les miettes de biscuits et autres gâteaux.

Ajoutons aux aliments interdits l’avocat, pour sa teneur en persine, une toxine qui ne pose aucun problème à l’humain mais qui s’avère très dangereuse pour les oiseaux.  Enfin, les boules de graisse que l’on trouve dans les animaleries ou en grandes surfaces ne sont pas une nourriture qualitative pour eux, car elles sont majoritairement composées de déchets d’autres préparations industrielles. Les oiseaux ont besoin de gras, mais on peut leur donner des huiles végétales de bonne qualité à la place.

Qu’est-ce qu’on donne alors ?

Pour résumer, l’alimentation autorisée pour les oiseaux est tout simplement ce que l’on trouve à l’état brut dans la nature et notamment :

  • Les fruits, baies et graines de saison
  • Les graines de tournesol noir (nous avons appris hier que c’est le tournesol noir que les oiseaux préfèrent, et non pas celles de tournesol strié). La LPO organise chaque année des ventes de graines de tournesol noir pour celles et ceux qui souhaiteraient nourrir les oiseaux à leur fenêtre ou dans une mangeoire. Vous pouvez vous renseigner dans le centre de sauvegarde le plus proche de chez vous (liste ici en descendant un peu la page).
  • Les insectes, qu’on peut acheter séchés pour cet usage.

Dans tous les cas, préférer des matières brutes bio, afin de ne pas participer à la surcharge en pesticides dont les oiseaux sont déjà fortement victimes dans leur milieu naturel aujourd’hui.

Aider secourir et protéger les oiseaux en hiver

Mangeoire et abreuvoir

La sécurisation de l’espace

Un des risques principaux couru par les oiseaux, en dehors de la prédation du chat qui reste le danger n°1 pour eux, c’est le choc sur les vitres. J’ai compris hier pourquoi les oiseaux se frappaient régulièrement contre nos carreaux : le paysage se reflète dedans. Ainsi, un arbre qui se reflète dans votre vitre de cuisine sera perçu par l’oiseau comme la continuité du paysage. Il est donc fréquent que les oiseaux soient stoppés en plein vol, parfois à grande vitesse. Pour limiter ce risque, on évitera que la mangeoire soit placée à un endroit sujet aux reflets et la règle est la suivante :

  • A moins d’1 mètre et à plus de 10 mètres d’une fenêtre = OK
  • Entre 1 et 10 mètres de la fenêtre = PAS OK

Il est également conseillé de placer la mangeoire et/ou l’abreuvoir dans un endroit permettant de délimiter un espace sécurisé au maximum, qui préservera le plus possible l’oiseau des chats (les félins auront vite fait de constater que tous les jours, une troupe de moineaux vient se poser là pendant 10 minutes pour manger, gare au carnage programmé avec de la nourriture aussi prévisible), mais aussi des oiseaux prédateurs comme les éperviers ou certains rapaces. Concernant les chats, la mise en hauteur ne suffit pas toujours : en effet, en fonction de l’alimentation à disposition et notamment du type de graines, certains oiseaux ne pourront pas forcément manger directement car leur bec ne leur permettra pas de casser l’enveloppe de la graine. Ils iront donc au sol récupérer les brisures laissées par d’autres oiseaux avant eux. Une mangeoire en hauteur peut donc, aussi, attirer des oiseaux par terre.

Rythme de remplissage

Il est déconseillé de mettre une grande quantité d’alimentation dans la mangeoire, du fait de l’humidité ambiante qui peut faire moisir les graines et rendre les oiseaux malades à terme. En gros, il suffit de remettre des graines à chaque fois que la mangeoire est vide. Il est important de recharger régulièrement et, si on souhaite arrêter, de le faire progressivement en diminuant petit à petit la dose de nourriture disponible : en effet, les oiseaux vont enregistrer la mangeoire comme un point de ravitaillement stable. Si l’approvisionnement cesse du jour au lendemain, ils seront perdus dans leur cartographie mentale des sources de nourriture et devront dépenser plus d’énergie sur un ventre vide pour trouver à manger ailleurs. Ce qui peut les mettre en grande difficulté, voire en danger de mort, dans cette saison où la nourriture est difficile à trouver.

L’abreuvoir

L’abreuvoir sert à boire, mais aussi à se laver : pour pouvoir réguler leur température, les oiseaux ont besoin de pouvoir gonfler leur plumage. Cela créé une couche d’air entre leurs plumes et leur peau, qui les protège du froid. Mais pour y parvenir, ils ont besoin d’un plumage propre. Mettre de l’eau à disposition permet de les aider dans cette tâche à une saison où ils sont souvent confrontés à de l’eau gelée.

De façon générale, l’eau doit être changée chaque jour ou tous les deux jours. En période de gel, cela peut être plus souvent. Autre idée reçue : mettre de l’eau chaude ne retarde pas l’apparition du gel, au contraire : l’écart massif de température entre l’air ambiant et l’eau chaude créé un transfert brutal d’énergie qui fait que l’eau chaude en extérieur gèle beaucoup plus vite que l’eau froide. Je devais faire autre chose quand on a abordé la question en cours de physique au collège… 😛

Le nettoyage

Pour éviter que les oiseaux ne se rendent malades en ingérant les fiantes de leurs congénères au bord de la mangeoire, on peut nettoyer rapidement à chaque remplissage, en enlevant les déjections sèches avec une balayette. Le grand nettoyage « désinfection » peut être fait 2 fois par mois au vinaigre blanc (pas de javel ! )

Aider secourir et protéger les oiseaux en hiver

Le recueil d’un oiseau blessé

Si vous trouvez un oiseau et qu’il est visiblement mal en point (plaie visible, hémorragie, fracture ouverte…), et/ou si c’est un oisillon, contactez le centre de sauvegarde le plus proche de chez vous. Ils vous aiguilleront dans la marche à suivre.

En revanche si un oiseau vient percuter une de vos vitres et se retrouve KO au sol, voici ce que vous pouvez faire avant de contacter un centre :

Le matériel à prévoir :

  • un carton troué en plusieurs endroits, d’une taille adaptée à l’oiseau recueilli (il doit pouvoir se déplacer facilement à l’intérieur)
  • une petite bouillotte
  • un linge type serviette de toilette (de façon générale, il ne doit être ni trop fin ni trop épais pour laisser passer la chaleur de la bouillotte sans risquer de brûler l’animal)

Le procédé :

  • Placer la bouillotte à plat, à l’intérieur et contre l’un des côtés du carton.
  • Tapisser le fond du carton avec la serviette, qui vient donc d’un côté recouvrir la bouillotte, et de l’autre toucher le carton directement : ceci permet à l’oiseau de ne pas se brûler s’ils s’approche de la bouillotte, d’avoir une aide pour se maintenir en température (surtout s’il est sonné, sa température corporelle peut rapidement chuter), mais aussi de choisir l’endroit du carton dont il a besoin. Directement sur la serviette au niveau de la bouillotte il fera bien chaud, à côté la chaleur sera moindre et de l’autre côté du carton, la température sera plus proche de la température ambiante de la pièce. Si l’oiseau est inconscient, le placer dans la zone la plus chaude pour l’aider à maintenir sa température corporelle (39 à 41 degrés selon les espèces, bien plus donc que nous les humains ! En touchant un oiseau à température normale, la sensation est celle d’un humain ayant de la fièvre. Si ce n’est pas le cas, il est en hypothermie et doit absolument être déposé dans la zone chaude de la boîte)
  • Déposer le carton dans une pièce volets fermés et revenir 1 à 2 heures plus tard. Les volets fermés sont essentiels car en ouvrant le carton après 1 ou 2 heures, si l’oiseau va bien, il ne percevra pas la vitre entre lui et l’arbre dehors. En cherchant à s’enfuir, il pourrait subir un nouveau choc contre la vitre intérieure de la pièce.

A partir de là, plusieurs scénarios :

  • L’oiseau a repris ses esprits, il va apparemment bien, tente de s’en aller : ouvrir la fenêtre, les volets et le relâcher.
  • L’oiseau est mort pendant le laps de temps : hémorragie, arrêt cardiaque…l’apporter chez un vétérinaire qui se chargera du traitement du corps.
  • L’oiseau montre des signaux alarmants ou si vous avez un doute sur son état : contacter le centre de sauvegarde le plus proche pour un accueil en urgence
  • L’oiseau va bien mais ne peut pas voler : luxation, fracture, blessure qui l’empêche de repartir, contacter le centre de sauvegarde pour annoncer l’arrivée prochaine de l’oiseau pour soins.

Prévenir les chocs contre les vitres

Pour aider les oiseaux à ne pas être fauchés en plein vol par nos fenêtres, il existe plusieurs méthodes :

  • Placer des stickers sur les vitres les plus exposées. Les formes se matérialiseront comme des obstacles que l’oiseau contournera. Il semble toutefois que cette méthode ne soit vraiment efficace qu’à partir d’un certain nombre de formes, une seule ne suffit pas.
  • Opter pour des vitres sablées.
  • Placer un voilage fin à l’extérieur devant la fenêtre. Les oiseaux sont très sensibles aux mouvements, ils repéreront donc bien votre fenêtre comme un obstacle.

Aider secourir et protéger les oiseaux en hiver

Voilà tout ce que j’ai appris ce vendredi !

Hormis le pain pour lequel je savais déjà depuis quelques temps qu’il était très mauvais, je n’avais aucune idée de tout ce que je viens de vous raconter et je suis bien contente de l’avoir appris. Merci beaucoup à l’intervenant qui est venu nous présenter tout ça vendredi aux Augustes, je vais pouvoir maintenant l’apprendre à mes enfants !

Pour plus d’informations :

  • La rubrique « S’informer » du site de la LPO
  • La liste de tous les centres LPO en France
  • Le site secours-faunesauvage.eu, créé par l’intervenant que nous avons rencontré, qui recense l’intégralité des centres de sauvegarde pour animaux sauvages en Europe : vous pourrez sauver des oiseaux (et d’autres animaux !) même pendant vos vacances à l’étranger désormais 🙂

Connaissiez-vous ces conseils ? Avez-vous déjà secouru des oiseaux, ou eu recours à la LPO ?

N’hésitez pas à partager vos expériences en commentaires !

A bientôt !

Vous avez aimé ce billet ? Partagez-le sur vos réseaux 🙂 Photos libres de droits sur Pixabay, catégorie…oiseaux !