Hier soir, j’étais à mon atelier de Communication Non-Violente.
Nous avons été amenés à parler de l’indulgence, envers les autres mais surtout envers soi-même. Etre bienveillant avec soi est la base de toute forme de bienveillance : comment être dans une bienveillance authentique, avec ses enfants ou toute autre personne de notre entourage, si nous passons notre temps à nous juger nous-même et à nous flageller pour nos erreurs ?
Cette discussion, d’une grande intensité dans ce qu’elle a permis de faire émerger chez chacun de mes compagnons de route, est entrée en résonance avec la conférence d’Isabelle Filliozat au Festival pour l’école de la vie de Montpellier : Il n’y a pas de parents parfaits. Je n’ai pas pu assister à la totalité de cette conférence, toutefois j’ai lu le livre sur lequel elle est construite et j’ai envie de parler avec vous de notre façon d’accueillir nos erreurs.
Note : ce billet est le troisième d’une série inspirée par les conférences et échanges vécus au Festival pour l’école de la vie. Mon objectif dans cette série de publications n’est pas de retranscrire ou de résumer ce qui s’est dit et vécu là-bas, mais plutôt d’ouvrir la réflexion et le débat autour des sujets évoqués, en fonction de mon propre vécu ou de ma philosophie de vie personnelle. Ces billets seront matérialisés dans leur titre par le hashtag #FestivalPourLecoleDeLaVie. Je vous invite à enrichir la réflexion en commentaires !
J’aime parler de la CNV avec des images.
Pour la rendre plus concrète aux yeux de ceux qui la découvrent. Lors de l’atelier d’hier, une amie a utilisé une image que j’ai trouvé fantastique pour décrire nos erreurs de parents, mais aussi nos erreurs d’humains de façon générale, dans les relations que nous avons avec les autres.
Imaginez votre personnalité comme un jeu de cartes.
Un jeu de cartes qui se serait construit en fonction de votre parcours, de votre éducation, de vos expériences de vie, de vos accidents de vie aussi. De vos peurs, de vos blessures, de vos douleurs, de vos joies, de vos échecs et de vos réussites.
Ce jeu de cartes vous accompagne partout. Il est toujours là, dans votre poche. Il est Vous et à chaque fois que vous devez réagir à une parole ou une situation, vous jouez une de ces cartes.
Parfois, vous avez les ressources pour choisir quelle carte vous allez mettre sur la table. Vous êtes suffisamment centrés, conscients et calmes pour prendre le temps d’ouvrir votre jeu en éventail et de sortir la carte qui vous semble la plus à même de correspondre au moment. Celle qui correspond à vos valeurs, à vos choix d’Etre.
Régulièrement, vous avez la sensation d’avoir trié votre jeu. Rebattu les cartes et retiré celles qui ne vous convenaient pas : colère, accès de violence, mots blessants, agressivité, honte ou regrets. Liste non exhaustive.
Et puis un jour…
Vous recevez une situation qui vous violente, au fond de vous. Sans forcément savoir pourquoi. Tout ce que vous savez, c’est que vous entrez en réaction et comme à chaque fois que c’est nécessaire, vous jouez une carte. Et ce n’est pas celle que vous aviez imaginé.
Vous étiez pourtant persuadé.e de l’avoir sortie du jeu, celle-là…mais si, rappelez-vous, c’était la dernière fois que c’est arrivé et que vous vous étiez dit que plus jamais vous ne réagiriez comme ça. Et pourtant, cette fois encore, vous l’avez jouée. Vous avez tiré une carte, et le tirage est pourri.
Est-ce pour autant que l’intégralité du jeu l’est aussi ?
Jouer une mauvaise carte, cela veut-il dire que nous méritons un jugement sévère ? Que tout le reste de nos efforts pour battre et rebattre sans cesse notre jeu n’ont plus de poids, plus d’impact, plus de valeur ?
Oui, vous avez crié hier. Oui, il a dit quelque chose de terrible ce matin. Mais si c’est arrivé, c’est qu’au moment de jouer votre carte, vous ne saviez pas faire autrement. Si c’est arrivé, c’est qu’au moment de jouer sa carte il n’avait pas d’autre moyen d’exprimer ce qu’il vivait au moment précis où la carte est sortie.
Soyons indulgents avec nous-même
Nous tirons parfois de mauvaises cartes. Mais nous en tirons aussi beaucoup de bien plus belles. Pour une mauvaise carte jouée, combien d’autres sont meilleures ? Combien d’autres sont aussi le reflet de ce qui est bienveillant en nous ?
A raisonner ainsi, nous pouvons voir le monde autrement
Nous pouvons nous pardonner, nous pouvons pardonner à nos parents, nous pouvons pardonner aux autres, nous pouvons choisir de voir qu’en chaque situation difficile, il n’y a qu’une mauvaise carte. Une carte pourrie, qui était là, qu’on pensait souvent sortie depuis longtemps, et qui finalement était toujours là. Peut-être ne pourra-t-elle jamais sortir de notre jeu, car les raisons de sa présence sont si fortes, et si profondément ancrées en nous qu’elle est devenue une partie de nous qu’on ne pourra peut-être pas transformer. On sait que cette carte est là, qu’elle peut ressortir, et qu’elle ressortira sans doute.
Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas s’employer à la faire sortir un jour, et cela ne signifie pas non plus qu’il faille donc tout accepter, de soi ou des autres. Mais tout le travail alors, est de réussir à ne pas se juger durement (ou juger les autres) et ne pas se flageller sans cesse à chaque fois qu’elle sort. Il s’agit plutôt de comprendre à quel moment elle risque de sortir. Cela revient à connaître ses limites, et à écouter celles des autres. A apprendre à les respecter mais aussi à les faire respecter. Pour la personne qui en face de nous sort cette mauvaise carte, cela revient à être dans une relation d’empathie. C’est en cela que la CNV est un cadeau immense offert à tous : elle n’interdit pas les mauvaises cartes : elle les accueille. Elle ne demande pas la perfection. Elle n’impose pas l’absence de réactions. Elle autorise l’erreur et amène à l’indulgence, envers soi et envers les autres, en nous faisant nous questionner sur les sources de nos émotions : le jour où j’ai joué cette carte, le jour où tu as joué cette carte, quel besoin profond en moi, en toi, se faisait entendre ? Quels sentiments m’habitaient, t’animaient ? Est-ce que je peux trouver comment relier ça à mon vécu, à ton expérience de vie, pour éventuellement espérer sortir une meilleure carte, la prochaine fois ?
Mais tous les jeux ne sont pas égaux, c’est vrai.
Certains sont encore remplis de mauvaises cartes. Elles sont des héritages, des protections, des masques. Par la qualité de nos échanges avec les autres, par la volonté de ne pas être dans le jugement, par notre conscience de ce qui nous anime, nous pouvons contribuer à remplacer, avec du temps, les cartes de tous les jeux du monde.
La prochaine fois que quelqu’un tirera une mauvaise carte, ou que vous-même en jouerez une qui vous donnera envie de vous juger durement, repensez à toutes les autres cartes de votre jeu. Et même si il n’y en avait qu’une seule qui vaille pour vous la peine qu’on la célèbre….elle interdit à quiconque de vous enfermer dans l’étiquette d’une mauvaise carte jouée.
Belle fin de semaine à tous <3
Image de couverture : Pixabay
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Merci pour ce partage! En plein apprentissage de la CNV, cette image est une merveille! J’adore vous suivre! A bientôt!
Merci Audrey, je vais faire en sorte que vous ayez envie de continuer alors 😉
Très beau texte, qui amène à plein de réflexions positives …
Merci beaucoup 🙂
Bonjour Julie de quel livre du parle cela m’intéresse vraiment surtout pour la vie familiale… Merci Sandrine
Bonjour Sandrine, pardon pour le délai de réponse. C’est le livre « il n’y a pas de parents parfaits », d’Isabelle Fillozat 🙂 Ici : http://bit.ly/2xMZwSD
Toujours très inspirant vos articles sur la CNV. Merci:)
Merci beaucoup !