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Je suis séparée du père de mes enfants depuis le 1er juillet 2015.

Officiellement du moins, c’est la date où j’ai emménagé dans mon nouvel appartement. Dans les faits, la décision était prise depuis le mois de mars, mais comme on ne se quittait pas en mauvais termes on avait décidé d’attendre la fin de l’année scolaire pour se séparer physiquement. Ça permettait à Lou de finir son année de Toute Petite Section tranquillement, et pour nous de gérer le déménagement sur le début des vacances car on pouvait avoir de l’aide extérieure pour les enfants.

Au tout début, on n’était pas sûrs de pratiquer la garde alternée. Enfin, je n’étais pas sûre de le vouloir. Je me disais que Marin était trop petit (il avait 13 mois au moment du déménagement). Finalement, après réflexion, on a décidé de tester et de voir ce que ça donnait. D’une part parce que le papa de mes enfants n’envisageait pas de passer du temps avec ses enfants seulement un week-end sur deux alors qu’il habitait tout près, et d’autre part parce que je me sentais très fragile, souvent au bord de la rupture émotionnelle face à l’ensemble des paramètres de la situation, et que la perspective de devoir gérer seule les enfants la majeure partie du temps me paniquait vraiment. Durant l’été 2015, la garde alternée n’était pas tout à fait en place car le père de mes enfants travaillait et c’était plus simple que ce soit moi qui m’occupe des petits majoritairement. On s’organisait un peu au jour le jour quand je sentais que j’avais besoin de souffler et de passer le relais ou quand lui voulait passer du temps avec les petits quand il ne travaillait pas. Le premier vrai système a été mis en place à la rentrée scolaire, et a évolué en fonction de ce que les enfants nous renvoyaient d’une part, et de la façon dont on le vivait nous en tant que parents d’autre part.

La mise en place du planning

Je l’ai dit, nous ne nous quittions pas fâchés. Il n’a donc pas été très compliqué de réfléchir à l’organisation, chacun ayant conscience de la nécessité d’être souple d’une part pour éviter les tensions, et d’autre part pour laisser la place aussi à une vie personnelle au gré des besoins. Lui avait des horaires pas toujours pratiques surtout le matin, qui auraient impliqué plusieurs garderies périscolaires pour Lou et une augmentation du contrat de la nounou pour Marin.

Quand à moi, la semaine j’étais très souple sur mes horaires car, ayant droit à 11 mois de droits Pôle Emploi, j’avais l’intention de m’inscrire à une formation à distance où je pourrais travailler de la maison (je me remets à niveau sur quelques notions de développement web, car avec trois ans d’arrêt cumulés de mon activité de développeuse après l’arrivée des enfants, certaines de mes connaissances étaient devenues obsolètes, cet univers évolue tellement vite !). La formation démarrant en novembre, j’avais de toute façon 2 mois de battement. Côté personnel, j’avais un besoin impérieux de temps libre, de me retrouver seule avec moi-même pour mieux repartir. Mise en place du système 1.

Moi la semaine, lui le week-end.

Tout cela mis bout à bout, on a partagé le temps pour que chacun y trouve son compte et en adaptant les horaires de début et fin de garde aux horaires de travail du papa : je m’occupais des enfants du dimanche soir 18h30 au samedi 13h. Il venait les récupérer après le boulot le samedi et passait le week-end avec eux. Il me les ramenait le dimanche en fin de journée. Exceptionnellement, s’il avait besoin d’un week-end, je les gardais et il les prenait deux nuits en début de semaine, ou inversement si j’avais besoin d’une soirée en semaine il les prenait.

Ce rythme a été maintenu jusqu’en novembre, mais on s’est assez vite rendus compte que s’il nous convenait à nous adultes, il ne convenait pas aux enfants. Après 3 ou 4 jours sans voir Papa, les petits changeaient de comportement : mauvais sommeil, crises fréquentes, besoin de présence permanente, ils ne voulaient plus jouer sans que je sois présente dans la pièce…parallèlement les week-ends ne se passaient très bien car après une longue séparation, les enfants manifestaient leur émotion de retrouver Papa de façon pas toujours simple à gérer (crises de larmes, hyperactivité…). Idem au retour chez moi, le dimanche soir était toujours très compliqué. Autant de signaux qui nous ont fait comprendre que 5 jours et demi sans Papa, et seulement 1 jour et demi pour profiter de lui, c’était trop dur émotionnellement pour nos enfants de 3 ans et demi et 17 mois. Organisation d’une cellule de crise et mise en place du système 2 !

Le rythme de croisière : l’alternance en demie-semaine.

Toujours en donnant la priorité aux horaires de leur père puisque j’étais globalement plus souple du fait de ma formation à la maison, on a adapté le système aux besoins des enfants. Leur papa conservait toutefois le samedi soir et le dimanche toutes les semaines. Le lundi matin, je déposais les enfants à l’école et chez la nounou, puis leur père prenait le relais jusqu’au mercredi midi, où il allait chercher Lou à l’école pour l’emmener chez sa nounou. A 18h, je les récupérais tous les deux là bas, jusqu’au samedi après la sieste. Vers 16h30/17h, leur père venait les chercher et me les ramenait le dimanche en fin d’après-midi. Ils passaient la fin de journée et la nuit avec moi, puis le lundi matin je les déposais et le cycle recommençait. Ça tournait bien, les enfants étaient plus apaisés et semblaient bien vivre ce rythme là.

En janvier 2016, j’ai proposé à leur père de démarrer l’alternance des week-ends, pour qu’il puisse quand même avoir du temps libre aussi quand il ne travaillait pas et parce que je commençais à me sentir les épaules d’enchainer 5 jours complets sans relais (ce qui était plus compliqué jusqu’en décembre, du fait de mon état de fatigue très avancé et de ma fragilité émotionnelle encore bien présente). On a donc gardé le schéma de base demie semaine, en rajoutant l’alternance un week-end sur deux.

Entre temps, j’avais rencontré mon compagnon, et je souhaitais pouvoir avoir une soirée libre en fin de semaine pour passer du temps avec lui en dehors de la présence des enfants (il ne les connaissait pas à l’époque et nous n’étions pas encore dans l’optique de le faire entrer dans leur vie). Le père de mes enfants a très bien compris ça et on a donc trouvé un deal qui fonctionnait bien : lorsque c’était mon week-end de garde et que je ne pouvais donc pas passer le samedi soir avec mon compagnon, les enfants dormaient chez leur papa le vendredi soir (il les récupérait dès la sortie d’école), pour me les ramener le samedi matin quand il partait travailler (nous habitons à moins de 15 minutes l’un de l’autre et il passe devant chez moi quand il va bosser). Je les avais donc du mercredi fin de journée au dimanche 18h30, avec une petite coupure le temps de la soirée du vendredi. La semaine suivante, lorsque c’était son week-end de garde, je m’occupais des petits du mercredi au samedi midi sans interruption et il les récupérait comme on avait toujours fait en sortant du boulot (13h, les enfants déjeunaient avec moi) pour les ramener le dimanche à 18h30. J’avais donc ma soirée du samedi avec mon chéri.

Ça va vous suivez ? 😛

Récemment, fin mai pour être exacte, j’ai demandé que le planning s’adapte prioritairement à mes contraintes car j’avais besoin de pouvoir partir de chez moi dès le dimanche après-midi et ce jusqu’aux vacances scolaires. J’avais également envie d’avoir un vrai week-end une semaine sur deux, qui au final n’était jamais plus long que samedi 13h-dimanche 18h30, je ne pouvais pas envisager grand-chose dans ce laps de temps. On a donc légèrement adapté la répartition de la demie-semaine qui se découpe maintenant de cette façon :

Lorsque c’est mon week-end de garde, je récupère les enfants le mercredi en fin de journée chez la nounou, et j’enchaîne jusqu’au dimanche 13h30 (il y a trois mois, mon compagnon a rencontré mes enfants, il passe le week-end avec nous désormais à la maison, je n’ai donc plus besoin d’une soirée libre en fin de semaine). Leur papa les récupère le dimanche et s’en occupe jusqu’au mercredi midi (sortie d’école de Lou + trajet chez la nounou).

Lorsque c’est son week-end de garde, je les récupère le mercredi en fin de journée et m’en occupe jusqu’au vendredi. Leur papa fait la sortie d’école, les grands-parents qui habitent tout près gardent les enfants le samedi matin pendant que leur papa est au travail, puis ils passent le week-end et le début de semaine avec lui jusqu’au mercredi où je reprends le relais.

C’est un peu plus contraignant pour le papa qui doit un peu jongler avec ses horaires, pour Lou qui doit aller à la garderie périscolaire le lundi matin et pour Marin qui arrive chez la nounou une heure plus tôt aussi le lundi matin. Mais c’est pour une courte durée donc ce n’est pas très grave et pour le moment ça ne semble pas poser problème.

Les avantages :

Je ne suis plus la seule à avoir de longs créneaux où je m’occupe des enfants. Désormais, une semaine j’ai un petit créneau mercredi soir-vendredi matin, et la semaine suivante un long créneau mercredi soir-dimanche midi. Côté papa, une semaine il a un petit créneau dimanche aprèm-mercredi midi, et une semaine un long créneau vendredi soir-mercredi midi.

Fonctionner en demie semaine permet d’avoir à la fois du temps pour soi et des nuits calmes, tout en ne restant pas trop longtemps sans voir les enfants. Ils sont à un âge où ils changent vite, surtout Marin qui se transforme en moulin à paroles, il y a des choses qu’il vaut mieux ne pas rater à ce stade 🙂

Pour des enfants petits c’est une bonne solution émotionnelle (du moins chez nous). Pour Lou la séparation est quand même compliquée à gérer, elle me demande souvent si on va un jour reprendre une maison avec Papa…elle ne supporte pas les longues séparations répétées. Avec l’alternance actuelle petit créneau / grand créneau, l’allongement des temps de garde se fait en douceur, on se dirige sans doute tranquillement vers une alternance semaine /semaine mais c’est encore un peu tôt.

Les inconvénients :

Beaucoup de logistique, clairement. J’ai l’impression d’être sans arrêt en train de faire les valises, les défaire, laver du linge en masse, vérifier qu’il y a bien le compte de tickets de cantine pour Papa, vérifier que les sandales, le manteau de pluie, le cahier de liaison de l’école ou le doudou sont bien revenus (dure bataille ça, le retour des affaires, Papa est un peu tête en l’air !! 😛 ), faire la danse des sièges auto deux fois par semaine…

Je n’en vois pas vraiment d’autres. Globalement les choses se passent très bien.

On a cependant mis quelques règles afin que l’autre parent ne soit pas toujours sollicité quand ce ne sont pas ses jours : lorsqu’il y a souci avec les enfants pendant mon créneau par exemple (maladie, grève à l’école, absence de la nounou…), c’est à moi de trouver une solution. Si un jeudi leur père est en congé, qu’un enfant est malade et que je devais travailler, et bien tant pis, je n’appelle pas Papa pour qu’il garde l’enfant malade, je me débrouille. Et inversement. Alors bien sûr, on n’est pas rigides, si il y a des échéances importantes ce jour là (un rendez-vous, un impératif quelconque) et qu’on ne trouve aucune solution pour faire garder le ou les enfants, on se passe évidemment un coup de fil et on s’adapte. Mais c’est une règle générale qu’on a mis en place de façon à ce que l’on ne se repose pas systématiquement l’un sur l’autre et que l’on garde notre indépendance.

Une fois par semaine, on fait le point par téléphone ou autour d’un café pour discuter des petits, de leur semaine, de ce qu’on a observé dans les comportements, les nuits chez l’un ou l’autre, on cherche des solutions si besoin, on discute des choix éducatifs et on essaye d’être cohérents même si on fait des choix différents chacun chez soi. On fait régulièrement le point sur nos besoins de disponibilités exceptionnelles à venir et la règle est la même que pour les imprévus hebdomadaires : on cherche d’abord une solution pour que ça ne supprime pas le week-end libre de l’autre parent (les grands parents, les copains, la famille…), et si c’est compliqué on module le planning, en sachant qu’en cas de besoin l’autre renverra la balle.

Globalement, le résultat est plutôt pas mal.

Les enfants semblent bien s’adapter à ce rythme, nous aussi. On a la chance je crois de garder en tête que ce qui compte maintenant ce n’est pas tant ce qui a pu nous séparer mais ce qui fait que les enfants vivent ça le plus simplement possible. On fête les anniversaires ensemble par exemple, parce qu’on pense que c’est bien pour eux d’avoir leurs deux parents dans ces moments là et de ne pas avoir l’impression d’être obligé de faire deux gâteaux pour souffler les bougies en deux jours. On habiterait plus loin ça se passerait sans doute différemment mais là, à 15 minutes d’écart et sans conflits particuliers, ce serait dommage de ne pas le faire. Ce soir c’est le spectacle de l’école, on va chercher Marin ensemble chez la nounou et on assiste tous les deux au spectacle. Flash spécial : Lou a déclaré la varicelle à l’école 2 heures après la publication de ce billet.En guise de spectacle, on a donc eu droit à un petit aller-retour chez le docteur pendant que Marin était chez son papa à nous attendre 😆

Voilà mon expérience de la garde alternée après un an de pratique.

Sans doute que les enfants grandissant, on sera encore amenés à moduler, rééquilibrer, adapter. La suite au prochain épisode 🙂