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Je reçois cette question très souvent de la part de celles et ceux qui bujotent :

Puis-je préparer mes pages à l’avance dans mon Bullet Journal ?

Sur les groupes facebook dédiés au Bujo, face à cette question on obtient des réponses différentes. D’un côté, celles et ceux qui sont attaché-e-s à la méthode de base donnent un non assez strict, justifiant que le Bullet Journal n’est pas un agenda. De l’autre, il y a celles et ceux qui sont pour un Bullet Journal qui s’adapte à son auteur-e et, si l’auteur-e en question a besoin de préparer en avance, pourquoi pas ?

Je me range du côté du non et je fais ce billet pour détailler mes raisons, déjà maintes fois rédigées par email ^^ Commençons par faire un petit rappel.

Bullet Journal et agenda : quelles différences ?

Même si la folie autour du Bullet Journal et des articles de papeterie qu’on lui associe pourrait le faire croire, le Bujo n’est pas un agenda fait main à customiser. Les deux outils ne fonctionnent pas du tout de la même manière et l’esthétique de l’objet est secondaire.

L’agenda est un outil où les pages se suivent et se ressemblent : au mois, à la semaine ou au jour, vous disposez d’espaces prédéfinis pour noter ce dont vous avez besoin pour vous organiser, et le reste va ailleurs (feuilles volantes, carnets, post-its, etc). Que votre organisation ou votre fonctionnement changent durant l’année ou exceptionnellement pendant une certaine période, votre agenda lui reste le même et vous devez composer avec sa structure prédéfinie.

Le Bullet Journal est un outil qui démarre absolument vierge : que vous choisissiez de le faire dans un carnet, un classeur, un vieux cahier ou tout autre support qui ressemble à un truc avec des feuilles reliées, il sera toujours vierge au départ, et c’est à vous de le construire en fonction de vos besoins. Vous pouvez donc faire évoluer sa structure au fur et à mesure, d’une page à l’autre. C’est notamment pour cette raison que vous pouvez le démarrer n’importe quand, et qu’il n’est pas nécessaire d’attendre une date prédéfinie (comme le début de l’année suivante) pour commencer à l’utiliser.

Dans cet outil, vous allez pouvoir noter tout ce qui concerne votre organisation et vos plannings mais aussi tout le reste. Tout ce que vous avez envie de garder à portée de main et qui peut parfois trouver sa place dans la façon dont se déroulent vos journées : projets, listes diverses, informations particulières…Le tout sera facilement localisable grâce à l’index situé au début de votre support.

index bullet journal
Sur cette photo, l’index de mon carnet n°2, démarré en avril 2017. 

Pratiquer le Bullet Journal ne revient pas à utiliser un agenda DIY

Il s’agit en effet de s’affranchir de la structure prédéfinie de l’agenda pour se diriger vers une structure totalement flexible. En préparant ses pages à l’avance, on perd justement tout cet avantage qui fait la particularité du Bullet Journal et il n’y a plus de différence avec un agenda classique, excepté peut-être la mise en page et la liberté de décoration ou de disposition.

Concrètement, préparer ses pages à l’avance fait sortir complètement de la méthode initiale, qui ne consiste pas qu’à rassembler les données au même endroit et à établir des listes avec des puces particulières (même si c’est une grosse part du gâteau ^^). La méthode du Bullet Journal repose sur quelques principes de base qu’il faut tout de même suivre pour pouvoir dire qu’on tient un Bullet Journal, et ne pas préparer à l’avance en fait partie.

Suivre une méthode en conservant ses principes de base et composer ensuite à l’intérieur de leur cadre revient à s’approprier la méthode. Changer la méthode revient juste à faire autre chose que la méthode, même si on continue à lui donner le nom.

Au final, ce n’est pas très grave de changer la méthode.

Mais dans ce cas, on créé en fait un nouvel outil, qui utilise ce que l’on trouve le plus pertinent dans différentes méthodes indépendantes, et il n’y a rien de mal à ça, si c’est ce dont on a besoin ! Mais c’est comme si vous partiez d’une recette de tarte aux pommes, que vous remplaciez finalement les pommes par des mirabelles, la pâte au fond par une base de cheesecake et que vous disiez « j’ai fait une tarte aux pommes, en changeant quelques trucs mais c’est quand même une tarte aux pommes, j’ai juste adapté la recette avec des choses qui me convenaient mieux ». Et bien non : vous avez les fruits, vous avez une base en dessous, mais concrètement ce n’est pas une tarte aux pommes, c’est un dessert aux mirabelles ^^ Sans doute délicieux, utilisant le meilleur de différentes choses que vous aimez et correspondant tout à fait à ce dont vous aviez envie mais : ce n’est pas une tarte aux pommes 🙂

Ndlr : cette analogie de la tarte aux pommes me vient d’une membre du groupe Facebook Bullet Journal version française, qui l’avait faite il y a fort longtemps. Merci à elle qui se reconnaîtra peut-être !

Préparer à l’avance peut également poser quelques soucis.

Prenons un exemple pour mieux comprendre.

Nous sommes début octobre. Je décide de créer mon planning mensuel (Monthly Log) puis de créer tous les espaces pour mes plannings quotidiens (Daily logs) à la suite. Admettons que je prenne 2 jours par page et 1 page par week-end. J’utilise alors un peu plus de 15 pages. Je mets mes titres, mes dates, tout est prêt, ça va drôlement me faire gagner du temps d’avoir tout fait d’un coup !

Sauf que : la deuxième semaine d’octobre, un imprévu fait qu’au lieu d’avoir besoin d’une demie page par jour, il m’en faut une entière trois jours de suite. Mince, avec mes demies-pages déjà préparées, je me retrouve coincée, obligée de tasser toutes les informations dont j’ai besoin dans un espace trop petit pour elles.

Peut-être même devrai-je créer une ou plusieurs pages supplémentaires spécialement pour rattraper l’espace que je n’ai pas au bon endroit. Mes informations se retrouvent dispersées, je suis obligée d’indexer des données supplémentaires pour pouvoir m’y retrouver ou de créer des renvois d’un daily à l’autre….ça devient tout de suite beaucoup moins pratique, et beaucoup moins flexible.

Sans avoir préparé à l’avance, j’aurais eu simplement à me dire « demain, j’ai plein de choses à noter, je mets mon titre, ma date, et on verra bien de combien d’espace j’ai besoin ». Ndlr : en ce qui me concerne, certaines journées particulières, je peux avoir besoin de 2 pages pour un daily alors que d’autres jours, deux lignes suffisent !

On ne sait pas de quoi demain sera fait

Et c’est là que le Bullet Journal impose sa puissance, quand l’agenda ne laisse pas de marge de manoeuvre. Il arrive parfois que je ne fasse pas de dailys logs pendant quelques jours parce que je suis finalement dans une phase où je me concentre sur une seule chose majeure, et que je n’ai pas besoin de liste de tâches pour savoir ce que j’ai à faire dans ce cadre.

Il arrive que d’une semaine sur l’autre mes besoins en modules ou en espaces changent radicalement. Et tout cela peut arriver de façon tout à fait imprévisible ! Certaines semaines, je vais noircir 15 pages, d’autres à peine 3. En préparant à l’avance, je gaspillerais déjà beaucoup d’espace, et je m’enfermerais en plus dans un cadre qui, le moment venu, ne répondrait pas à ce dont j’ai besoin dans l’immédiat.

Or, c’est bien l’un des trois objectifs fondamentaux du bujo : organiser et optimiser l’instant présent (les deux autres étant garder une trace du passé et planifier le futur ce qui donne, en anglais sur le livre de Ryder Carroll à paraître  : « track the past, order the present, design the future ». Autant vous dire que j’ai hâte de l’avoir dans les mains celui-là ! )

daily logs Bullet Journal

Sur cette photo, pas de daily log entre le 21 et le 26 juin. Je n’en avais simplement pas besoin ! Si j’avais préparé à l’avance, je me serais retrouvée avec des espaces vides que j’aurais sans doute cherché à remplir pour qu’ils n’aient pas été créés inutilement (ce qui m’aurait donc coûté du temps supplémentaire alors que la préparation à l’avance était censée m’en faire gagner). Et si j’avais préparé à l’avance, je n’aurais peut-être pas eu la place pour ce petit dessin, souvenir du concert de la fête de la musique !

Préparer à l’avance : une solution sécurisante ?

Après de nombreux mois passés à lire les groupes de Bujo, à recevoir des mails me posant des questions, j’ai l’impression que la préparation à l’avance a un côté sécurisant pour ceux qui choisissent de faire ainsi. Rassurant sur le fait que leurs pages seront jolies, ou qu’ils auront déjà ce qu’il faut si jamais le temps leur manque d’un jour sur l’autre.

Je comprends très bien cela. D’une manière générale, la méthode Bullet Journal peut être déstabilisante, au moins au début, car elle demande de lâcher prise sur la rigidité de notre fonctionnement habituel. Accepter que les contenus se suivent sans forcément de cohérence entre eux, apprendre à planifier à long terme tout en créant au jour le jour…il y a de quoi être dérouté !

Mais c’est ça, la méthode Bullet Journal. Si après avoir essayé de l’appliquer, vous ressentez le besoin de ne pas suivre les principes de base (ne pas utiliser de Future Log, ne pas pratiquer la migration, ne pas préparer à l’avance, etc), c’est peut-être simplement qu’elle n’est pas adaptée à vos besoins ou à votre fonctionnement.

Aucun problème alors pour fabriquer l’outil parfait pour vous en mixant différentes méthodes pour en tirer le meilleur parti !

Il faudra juste…lui trouver un autre nom 🙂

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Préparer ses pages à l'avance Bullet Journal